Site de Syndicatho, syndicat interprofessionnel français s'appuyant sur la doctrine sociale de l'Église
Je ne dois pas confondre ce que l'autre dit (ou exprime) et ce que j'entends : il y a toujours une différence, plus ou moins grande, entre les deux. De même, je ne dois pas confondre ce que l'autre fait et ce que je le vois faire.
Pour bien comprendre ceci, je vous propose :
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Chacun d'entre nous dispose de droits "naturels" (c'est à dire qu'il tient de la nature, et non pas d'une quelconque loi humaine). Parmi ceux-ci, le "droit d'expression". Comme le droit de propriété, c'est un droit exclusif : personne n'a le droit de s'exprimer en mon nom, sauf si je lui ai donné mandat pour ça. Lorsque j'émets des paroles telles que "Tu as dit que...", "Tu fais ceci..." ou "Tu crois que cela...", je ne respecte pas mon interlocuteur puisque je viole son droit d'expression. C'est pourquoi il me semble préférable de remplacer ces paroles par "Je t'ai entendu dire que..", "Je te vois faire ceci...", "J'ai compris que tu crois que cela..." : ainsi, j'utilise MON droit d'expression et non pas celui d'autrui. Ceci me permet de ne pas rentrer dans ce que Jacques Salomé appelle "relation klaxon" (tu,tu, tu...), qu'il expose dans plusieurs de ses livres, dont l'excellent "Heureux qui communique", illustré par Françoise Malnuit.
Bien entendu, il n'est pas déconseillé d'utiliser le "il" impersonnel, comme je le fais dans la présente phrase. Il est, en revanche, tout aussi irrespectueux du droit d'expression d'utiliser le "il", "elle", "vous", "ils" ou "elles" personnels que le "tu", dans une phrase affirmative. C'est souvent la même chose pour le "on" ou le "nous" : "on s'en fiche ! " est souvent utilisé pour couper la parole à une personne, au milieu d'un groupe, en se faisant le porte-parole des autres membres du groupe sans même leur avoir demandé leur avis.
J'admets que l'utilisation de pronoms personnels autres que "je" est souvent commode et qu'il serait trop lourd, pour ne pas dire ridicule de faire systématiquement précéder des paroles telles que "ils sont partis en voyage", "il va rentrer en 4e" ou "elle se marie dans un mois" par une formule telle que "je sais que", "j'ai appris que", "j'ai compris que", "je crois que", etc.. J'invite toutefois à être vigilant quant au droit d'expression des personnes et à utiliser une des formules précitées chaque fois que je crois que la personne dont je parle n'aimerait pas m'entendre parler à sa place (même si elle n'est pas physiquement présente).